ON L’APPELAIT « CHOCOLAT », Sur les traces d’un artiste sans nom de Gérard Noiriel – A La Maison des Metallos (Paris 10ème) – Du 03 au 28 février 2016

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ON L’APPELAIT « CHOCOLAT »  

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Alors que le film « Chocolat » de Roschdy Zem avec Omar Sy et James Thiérrée (le fils de Charlie Chaplin) est sorti en salle, et arrive à plus d’un million cent mille entrées au bout de deux semaines, c’est le moment parfait choisi par La Maison des Métallos à Paris pour ouvrir les portes de son exposition « On l’appelait Chocolat ». Entièrement dédiée au premier clown noir en France, l’exposition retrace son parcours de ses débuts jusqu’à sa mort.
Encore assez méconnu du public jusqu’à cette année, l’histoire de Chocolat suscite désormais la curiosité de beaucoup de monde. Et pour cause ! Le récit de la vie de ce fabuleux personnage de cirque a été enfouie pendant presque plus de 100 ans après sa mort. En effet, on peut supposer sans trop avoir peur de se tromper que les Français ne se sentaient pas vraiment obligés de faire ressurgir leurs erreurs du passé… Chocolat, avant d’être une étoile montante au centre des plateaux de cirques parisiens, a connu les affres d’un racisme très prononcé en France à l’époque.
A travers l’exposition « On l’appelait Chocolat », on apprend par exemple que Chocolat, de son vrai prénom Rafael, a été gratté à la paille de fer par des personnes blanches pour savoir si en dessous du noir, on pouvait trouver du blanc. On nous expose aussi la relation professionnelle que Chocolat a entretenue avec Foottit, un clown blanc. D’abord simple tête de turc de Foottit, Chocolat prend le dessus petit à petit, avant de se lancer dans une carrière solo. Au cours de notre balade dans la Maison des Métallos, on peut retrouver de très nombreuses représentations artistiques de Chocolat, dessinés par différents artistes, le plus connu étant Toulouse-Lautrec. Au-delà d’être simplement confronté à de l’art, l’exposition nous offre ici la possibilité de décrypter plus attentivement ces dessins et de se rendre compte de l’évolution de l’image de Chocolat rien qu’à travers des coups de crayons. Au début, il est caricaturé, presque déformé, puis des œuvres plus vieilles le montre radieux et souriant, dans de chics costumes, soulignant, à l’époque, que ce clown était l’égal d’un homme blanc. Une évolution rapide des états d’esprits surprenante pour cette période de l’Histoire.

La vie de Chocolat fascine complètement les esprits d’aujourd’hui. « Comment a-t-on pu lui faire ça ? » – « A l’époque, l’Homme noir n’était rien de plus qu’un esclave ! » entend-on de la bouche de deux visiteurs, à priori assez abasourdis, au détour d’un panneau explicatif sur les conditions de vie du clown. Dans cette exposition, il est étonnant de voir que le public est absolument hétérogène. Des très jeunes enfants, des grands parents, des couples, des amis, des visites scolaires, des connaisseurs de Chocolat, des gens qui le découvrent pour la première fois, des blancs, des noirs, des personnes venues par hasard, des intéressés, de simples curieux, bref, tout le monde se retrouvent ici, devant ce même destin, celui de Chocolat.
Par ailleurs, les visiteurs sont très globalement satisfaits de leur venue à la Maison des Métallos. « C’est extraordinaire d’avoir pu regrouper un nombre si grand de documents à propos d’un homme dont on avait essayé de taire le nom » nous confie une spectatrice, étonnée de repartir de l’exposition en ayant tant appris. Lorsque l’on confie aux visiteurs que le travail du commissaire d’exposition n’a pas demandé moins de 7 ans de travail, tous semblent surpris mais admiratif de ce travail de forcené, déterminé à montrer au grand public la véritable facette de Chocolat.
« On l’appelait Chocolat » est une exposition culturellement très riche et très pointu dans l’approfondissement de ses explications. Sans artifices, les textes sont clairs et simples afin de faciliter l’accès aux informations dès le plus jeune âge.
Estelle Lautrou

 

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