Une adolescente, soutenue par son amoureuse, porte plainte contre son père qui la violait depuis ses huit ans, mais c’est l’amoureuse qui est envoyée en prison pour « relation contre-nature avec une mineure de son sexe ». Tirés d’un fait divers qui s’est déroulé à Antananarivo au début de la crise sanitaire, le développement comme les personnages ne relèvent cependant que de la fiction. S’il faut pénétrer dans la famille pour tenter de comprendre, avant même d’ouvrir la porte, on sait qu’il n’existe rien pour justifier l’acte interdit. Isolée à Rochefer-l’Interdite, Lila est accueillie par une grand-mère un peu sorcière, une tante aussi paysanne que la mère de Lila est citadine puis Lys, une cousine très curieuse presque du même âge qu’elle, et aussi un oncle exhibitionniste un peu simplet. Elle ne peut cependant se résoudre à rester loin de la capitale, sans même un téléphone. Elle doit pourfendre son père, ouvrir les yeux de sa mère, délivrer Klem et mettre à l’abri sa soeur Rose. Lys veut l’aider, elle est persuadée que les filles ne devraient pas être jetées dans l’Ikalariana, comme le prétend la légende associée au nom de la rivière. Le propre des tabous est d’imposer le silence autour. En parler devient tabou aussi. Quand les dérèglements sont tus et cachés, inverser les choses est quasi impossible. Aussi difficile qu’inverser le cours de l’eau ou d’une légende.
BIOGRAPHIE :
Johary Hasina Ravaloson appartient à la génération de la malgachisation de l’enseignement primaire et secondaire dans les années 1970. Il est toutefois fois étudiant, en même temps qu’éducateur, à Paris dans les années 1980 et 1990, puis à Saint-Pierre de La Réunion de 1998 à 2007. C’est à l’Université de La Réunion qu’il soutient sa thèse de droit, intitulée Le Régime des investissements directs dans les zones franches d’exportation, publiée en 2004.
Après un exil d’une vingtaine d’années où il aura fait du pays zafimaniry, dans le Centre-Est de Madagascar, son point immuable, il exerce aujourd’hui comme juriste dans sa ville natale.
À Paris, il reçoit en 1996 le Prix du Centre régional des œuvres universitaires pour la nouvelle « Heurt-terres et frappe-cornes ». Cette distinction est suivie en 2000 par le Prix Grand Océan de littérature d’inspiration religieuse (La Réunion) pour la pièce La Tentation de Joseph. L’opus Padar à Tana, carnet de voyage signe un de ses premiers pas publics à Antananarivo. En 2005, dernière année d’édition du Prix de l’océan Indien, il est lauréat du roman avec Les Larmes d’Ietsé. La même année, le recueil de nouvelles Le Camp des innocents où il publie « Bagatelles pour une limonade » est récompensé par le Prix Williams Sassine.