« Le temps semblait suspendu. Alors il ferma les yeux, pour les rouvrir presque aussitôt. Mieux valait les garder ouverts, les tireurs ne devaient pas être loin, il ne savait plus. Les ferma à nouveau, il ne pouvait s’en empêcher, les rouvrit, grands, comme le petit garçon dans les bras de sa mère. D’où venait soudain cette joie de vivre, cette déferlante qui les portait, lui et sa mère, incapable de se souvenir pourquoi ils étaient si heureux. Il sourit aux étoiles, ses paupières se refermèrent. » Le 11 décembre 2018, au marché de Noël, la ville de Strasbourg est frappée par un attentat terroriste. Témoin et victime de l’horreur, le narrateur croit sa dernière heure arrivée. Des bribes de son passé l’envahissent alors, chargées d’émotions singulières. Gaston-Paul Effa saisit avec acuité ces moments charnières au cours desquels se joue l’adulte futur. Il dit comment les retrouvailles avec l’enfant que l’on a été permettent de surmonter les blessures de l’existence. Nourri de réminiscences et de rêves d’exil, ce roman de la résilience nous permet de dépasser les frontières tantôt dramatiques, tantôt jubilatoires entre l’enfance et l’âge d’homme.
BIOGRAPHIE :
Né au Cameroun en 1965, élevé par des religieuses, c’est en France que Gaston-Paul Effa poursuit ses études. Il mène à Sarrebourg en Moselle-Est une triple vie d’écrivain, de professeur de philosophie et de restaurateur solidaire à la (succulente) « Table des Tropiques ». Il est aussi président du prix littéraire lorrain Erckmann-Chatrian, l’un des plus anciens prix français avec le Goncourt, et critique littéraire. Il a déjà publié chez Grasset Tout ce bleu (1995) et Mâ (1998) qui a obtenu les Prix Erckmann-Chatrian et Grand prix littéraire de l’Afrique Noire 1998. Le cri que tu pousses ne réveillera personne est paru chez Gallimard, en 2000, et Le cheval-Roi aux Editions du Rocher. Après » Nous enfants de la tradition » publié en 2008 aux éditions Anne Carrière, Gaston-Paul Effa publie en 2012 chez Actes Sud » Je la voulais lointaine » une belle réflexion sur les contradictions de l’exil et la difficile transmission de l’héritage traditionnel. (Source : Etonnants voyageurs et http://www.imaginature.fr)