« Ce que la voix ne dit pas » d’Anselmo Zolla : quand l’art et les dieux redonnent confiance à l’homme

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Anselmo Zolla   

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La compagnie de danse brésilienne Studio 3 a présenté son nouveau spectacle « Ce que la voix ne dit pas » sur les planches du théâtre de la Porte Saint Martin à ¨Paris, ce mercredi 3 juillet 2013. Entre danse et poésie, le public est transporté dans un rêve où il peut voir l’évolution de l’être humain à travers cinq tableaux différents.

Sur scène, 18 danseurs accompagnés par la célèbre actrice brésilienne Christiane Torloni enchainent les mouvements chorégraphiés par Anselmo Zolla au son de compositions variées passant de la musique classique aux boléros. D’abord êtres amorphes, les hommes vont se construire et s’humaniser au fur et à mesure du spectacle grâce à la force que leur procure la voix de la déesse qu’ils entendent dans leurs rêves. Cette voix, c’est celle de Christiane Torloni qui prononce avec ferveur les vers du dramaturge Eduardo Ruiz. C’est une voix qui interpelle les hommes dans la nuit mais qui va s’avérer être de plus en plus rassurante au fil des tableaux.
Ce que la voix ne dit pas Théâtre de la Porte Saint Martin Affiche

Dès le début du spectacle, le public est plongé dans un univers nocturne afin qu’il puisse lui aussi entrer dans le rêve vécu par les danseurs. En effet, un rideau de toile sombre descendu à l’avant de la scène donne l’impression aux spectateurs que ceux-ci vivent un rêve éveillés. D’ailleurs, au cours du deuxième tableau, les danseuses apparaissent vêtues d’une longue robe bleue sombre parsemée de paillettes comme si celles-ci avaient découpé une partie du ciel pendant une nuit étoilée pour pouvoir en faire une robe et la revêtir. Pour José Possi Neto, le metteur en scène de ce spectacle, le rêve n’est pas un simple fruit de notre imagination, c’est un moment de liberté où l’on est à la fois acteur, narrateur et spectateur. C’est donc un moyen de se libérer que le metteur en scène veut procurer au public.
Grâce au décor et aux mouvements exécutés par les danseurs, le public a la sensation de régresser dans le temps. Surtout lors du premier tableau au cours duquel les danseurs paraissent naitre et découvrir le monde sans encore savoir se déplacer convenablement. Des projections sur ce rideau de toile et au centre de la scène permettent d’apporter une certaine touche de couleur et d’enrichir les éléments du décor qui ne sont pas nombreux. En effet, seulement deux tableaux sont marqués par la présence d’objets : le premier où des sortes d’œufs ou de menhirs métalliques sont suspendus et transportés par les danseurs et le dernier où deux miroirs déformants permettent d’avoir une autre vision des danseurs. Du fait de ces deux miroirs, le public ne voit plus un seul danseur mais trois mêmes danseurs qu’il peut observer sous toutes leurs coutures.

La communication entre les dieux et les hommes est un élément essentiel de ce spectacle car celui-ci cherche en effet à comprendre pourquoi cette communication est-elle si importante et nécessaire pour les hommes. L’art est également l’une des composantes fondamentale de ce spectacle. Selon le metteur en scène l’art est assimilé aux dieux. C’est donc principalement l’art qui guide les hommes, qui leur apprend à marcher et à prendre leur vie en main. Le spectacle s’inspire d’ailleurs de cette citation de Peter Brook : « L’Homme a créé la musique pour parler avec les dieux. Il a créé la danse pour se laisser posséder par les dieux. Il a créé le théâtre pour affronter les dieux afin de prendre le contrôle de son propre destin.»

Au fur et à mesure que les cinq différents tableaux défilent, l’être humain change et  expérimente de nombreux sentiments tels que l’amour ou la peur. Une forte attraction sexuelle est notamment visible entre les hommes et les femmes. C’est le rouge qui marque de sa splendeur cette attraction sauvage et intense lors du quatrième tableau. La déesse incarnée par Christiane Torloni est à l’origine de ces sentiments éprouvés par l’homme car c’est elle qui inspire la peur au début et qui se transforme ensuite en danseuse de cabaret et ainsi en forte représentation sexuelle pour l’homme. Celle-ci est immédiatement identifiable grâce à ses grandes robes colorées et à l’admiration que lui portent les hommes. Ceux-ci n’hésitent d’ailleurs pas à se réunir autour d’elle et à tendre l’oreille de manière instinctive et systématique pour mieux l’écouter et obéir à ses paroles. La déesse orchestre leurs mouvements et c’est notamment celle-ci qui, à plusieurs reprises, leur ordonne « Dancemos, dancemos, dancemos ! » (Dansons, dansons, dansons !) à la fin de la représentation.

« Ce que la voix ne dit pas » est un spectacle étonnant par son originalité et ses mélanges. Ses musiques, ses images et ses couleurs s’entremêlent et restent gravées dans les mémoires.

Catia Pereira Fernandes

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