Exposition “My Jobourg”: Johannesburg dévoilée à la Maison Rouge à Paris

1511
0
PARTAGER

Johannesburg

Merci de patienter pendant le chargement...

Jusqu’au 22 septembre, Johannesburg, la métropole de l’Afrique du Sud est exposée à la Maison Rouge à Paris (XIIe arrondissement). Au travers du regard d’artistes contemporains la ville se livre, entre engagement et attachement.
4.Mary Sibande Wish you were here 2010 my Joburg cr dit photo Momo Gallery Johannesburg large
Plus de six millions d’habitants à Johannesburg et une exposition pour dévoiler les milles visages de cette ville en mouvement. Un ensemble d’artistes au regard neuf sont réunis à la Maison rouge, qu’ils soient photographes, vidéastes, peintres ou plasticiens. Tous on un point commun: ils portent leur propre regard sur leur ville. « Jobourg », c’est le nom donné à la capitale de l’Afrique du Sud par ses habitants. qui font largement parti de l’exposition. Au fil du parcours on comprend mieux les problématiques de la ville, quelles soient sociales, politiques ou urbaines. Un itinéraire à travers une ville qui bouge, se redessine en permanence, forcément hétéroclite.
Engagement

C’est dans un long couloir que commence l’exposition. Plusieurs dizaines de photos de Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse prises dans le Ponte City, une tour de 54 étages qui domine la ville,composent le mur. Si à sa construction en 1976 l’immeuble attirait la classe moyenne blanche, il a été délaissé au courant des années 90. En rénovation à partir de 2008, la tour s’est offerte dépouillée aux artistes qui ont photographié son quotidien pendant deux ans. Ces photographies détaillent l’intimité de ces habitants dans leur appartement. L’exposition fait largement une place à la photographie, qui ponctuent le parcours entre diverses installations. Autre collection impressionnante; les clichés de Zanele Muholi. Une série de portraits de lesbiennes, qui sont pour l’artiste une oeuvre militante. Car même si le mariage homosexuel est autorisé en Afrique du Sud depuis 2006, l’homophobie demeure forte et violente.

Autre oeuvre militante, c’est la performance de Steven Cohen vêtu comme un drag queen et portant un tutu monté d’un chandelier. L’artiste se ballade dans un camp de squatteurs du quartier de Newtown. Il symbolise ainsi sa propre histoire en tant que Blanc, juif et homosexuel queer dans une société traditionaliste. Cette vidéo saisit le visiteur en mettant en scène une confrontation improbable où les réactions des habitants du quartier surprennent. C’est par un immense tableau noir composé de dessins et de textes réalisés in situ par Winston Luthuli que l’exposition se poursuit et guide le visiteur vers sa deuxième partie.
Une odeur d’herbe coupée

8.Subotzky largeDans une grande pièce se dresse l’oeuvre monumentale de Jane Alexander, Security. Une double clôture grillagée surmontée de barbelés abrite un champ d’herbe coupée, dont l’odeur surprend lorsqu’on entre dans la salle. A l’intérieur de cette clôture un être, mi homme, mi oiseau, seul au beau milieu du champ, comme emprisonné. Entre les deux clôtures des gants en caoutchouc, des machettes et des faucilles. Une installation qui rappelle l’agriculture et le travail lorsqu’on oublie le contexte historique et social du pays. La présence de cet être hybride, perdu, et de ces outils qui pourraient être des armes font écho à la violence. Un bouillonnement qui a marqué l’Afrique du sud, lors de l’Apartheid mais encore aujourd’hui comme en témoigne ces résidences sur sécurisées dans lesquelles s’installent certains habitants de Jobourg. Security fait écho à cette sécurisation qui marque la vie quotidienne de chacun alors qu’il existe dans certaines maisons des « panic button » et des gardes à chaque entrées. Place ensuite au sous-sol de la Maison rouge, pour la suite de l’exposition.

Artistes confirmés et en devenir5.Nandipha Mntambo Enchantment 2012 Cow hide cow tails resin 170 x 100 x 155cm large

Dans la deuxième salle d’un sous-sol éclairé au néon et à l’ambiance très industrielle, ce sont les travaux des élèves du Market Photo Workshop qui sont exposés. Cette école de photographie a été créée en 1989 par David Goldblatt. L’objectif du photographe était de former des jeunes qui n’avaient pas accès aux enseignements traditionnels pour des raisons sociales et raciales. Chaque photographe exposé dépeint la réalité d’un groupe d’individus, des skaters aux jeunes femmes, des sans abris aux migrants, les sujets sont forts et les photos sont puissantes. Le parcours se termine par un cinéma confidentiel où est projeté Eat my dust un projet cinématographique de la réalisatrice Delphine de Blic. Elle a laissé sa caméra aux jeunes du township de Kliptown à Soweto. Le résultat est une série de courts métrages à la fois drôles et piquants, rejouant les codes des classiques du cinéma, comme le muet. C’est enfin sur une photographie d’habitants de Jobourg que s’achève l’exposition. Une dizaine de personnes tiennent dans leur main les lettres de la question « Who is Johannes? ». Une interrogation que « My Jobourg » éclaire, sans prétention d’exhaustivité mais au travers du regard de ses artistes émergents.

Mélanie Longuet

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here